En sortant de l'avion le 13 Avril à Auckland, nous sommes un peu perdus. Entre le décalage horaire, la conduite à gauche (même en piéton on se fait de belles frayeurs), et surtout, le changement de saison puisqu’ici l'été vient de finir, nous mettons quelques jours à nous acclimater à ce nouveau pays où palmiers, fougères verdoyantes, chauffeurs de bus maoris et maisons victoriennes rappellent à tout moment qu’on est aux antipodes. La moto n'arrive en Nouvelle-Zélande que dans 3 semaines et à l'autre bout du pays, à Dunedin. Entre temps, on va donc tranquillement commencer notre redescente vers le sud, en essayant de travailler en route. Un peu de stop, quelques heures d'attente, et nous voilà à Tauranga, dans la "Bay of plenty", où la récolte des kiwis commence juste.
Nous posons nos sacs à dos au "Tauranga Central Backpacker", et pendant 10 jours, c'est le bonheur : plage, surf d’eau, océan, copains, soleil ! Pendant que laurent planche sur un site web pour payer en nature notre logement, sylvie ramasse des kiwis au rythme du "Faaster-Faaasteer !!!" de motivation que pousse régulièrement Hamit le chef d'équipe, puisque l’équipe est payée au rendement. Il fait chaud, mais sous les tonnelles où poussent les kiwis, les mains prennent vite le rythme, poc-poc-poc, dans le panier... Odeur douceâtre des fruits dans les énormes caisses en bois, fins de journée sur la remorque derrière le tracteur, et ambiance colorée des ramasseurs, voyageurs tchèques, argentins ou écossais, Hindous qui resserrent leurs turbans au milieu des rangées, saisonniers locaux burinés, ou encore têtes sauvages de l’équipe de Tonga...

Puis après avoir déjà repoussé l’échéance plusieurs fois, à contre cœur nous nous décidons à repartir car bientôt le side-car va arriver : abandonner ce semblant d'été, et poursuivre plus au sud … vers le froid et l'hiver puisqu’ici tout est inversé ! ! On se motive et on ressort nos petites pancartes pour faire du stop.
Le lendemain soir nous avons traversé toute l’île, découvrant en version accélérée l’île du Nord - les fumerolles de Rotorua la volcanique à l’odeur de souffre marquée, l’immense lac Taupo lové dans un cratère, le petit “désert” aux herbes jaunes des hauteurs du centre de l’île, puis Wellington étalée sur des collines donnant sur le détroit de Cook - alors que rivalent de gentillesse tous ceux qui nous donnent un « lift », retraités en vacances avec leur caravane, métisse maori dans son range-rover, fermier à la recherche de nouvelles machines agricoles ou encore jeune couple germano-kiwi. Tous n’hésitent pas à faire des détours pour nous montrer la beauté de leur pays, nous déposer pile devant une auberge de jeunesse, ou encore au départ du ferry vers l’île du sud…

Ferry qui justement part …dans 5 minutes ! En insistant un peu on arrive à acheter vite-fait 2 billets, et embarque en courant. Après 2 heures à se détendre sur cette micro-croisière (tout petit luxe est à déguster au maximum !), voilà, nous sommes sur l’île du sud. A Picton. Où, pressés de retrouver notre indépendance, on craque pour une occase, un mini-van de location à ramener à Queenstown pour un prix discount. On prends donc la route vers le sud en longeant la côte ouest. Et c'est le déluge pendant 2 jours… pas étonnant que les locaux la surnomment "wet coast "! Mer de Tasmanie fouettant furieusement des côtes déchiquetées, petites routes tortillardes donnant sur des ponts à une seule voie, fougères géantes aux airs de palmiers dans une forêt hyper dense, oiseaux bizarres aux airs de poule sans ailes et panneaux "attention aux pingouins", on se régale complet. …Tout en appréciant de ne pas être en side ou sous la tente sous toute cette eau !

Puis à Dunedin, après quelques jours d'attente et 2 coups de tampon, nous récupérons le side-car sans anicroche : le Side-tour continue !
Mi-mai, nous arrivons donc à Wanaka, en plein cœur de l’Otago, où nous avons prévu de passer l'hiver afin de tater de la neige neo-zélandaise. Petite ville posée au bord du lac Wanaka dans une grande vallée ouverte bordée de montagnes aux herbes rases jaunies, on tombe amoureux de ce petit coin des alpes néo-zélandaises qui bénéficie d'un micro climat lui assurant temps sec et ensoleillé toute l'année. Mais comme par hasard, nous ne sommes pas les seuls. La ville est envahie de jeunes venus de la planète entière pour la saison d’hiver et qui bataillent pour trouver du travail ou un logement. Nos premières semaines à Wanaka riment donc avec entretiens d'embauche, petites annonces, ...et cambouis pour laurent, qui comme promis, refait une beauté à la moto, déposant carrément le moteur sur une table de pic-nic à l’arrière du bungalow que nous louons au camping. Puis on emménage pour l’hiver dans un joli bus vert aménagé en caravane, et trouve tous les deux du boulot : Laurent pour une boite de web design, et sylvie dans l'une des deux stations locales, Treble Cone. La saison s’engage prometteuse avec quelques bonnes petites chutes de neige, et même 20 cm jusque dans Wanaka !

Cependant très vite les choses se gâtent. De grosses factures de dentiste qui édentent nos réserves, des contrats lents à arriver pour laurent, un gros loyer et surtout un salaire au ras des paquerettes pour sylvie… Et soudain on est à sec, incapables de payer le loyer ! Notre enthousiasme pour Treble Cone en prend un coup, écoeurés par ce salaire à peine de subsistance et qui c’est sûr ne paiera pas les forfaits de laurent... !
On apprécie en revanche d’avoir un chez-soi pour quelques mois, dans notre petite maison-bus avec vue époustouflante sur la tranquillité du lac, Treble Cone et les montagnes. Avec nos nouveaux copains de la « french connection » de Wanaka, Louis le québécois, Max le baroudeur, ou encore Jean-Marc de la Réunion, on s’organise un petit 14 juillet franchouillard au bord du lac, avec vin rouge, baguette, pâté et camembert…. et bonnets et écharpes ! C’est l’hiver.

Les semaines de boulot s’enchaînent, et nos finances remontent peu à peu la pente. On farte les snowboards pour nos première sorties à « TC », comme l’appellent les locaux. Avec une vue plongeante hallucinante sur la vallée et les Alpes, c’est avec ses 5 remontées mécaniques un des domaines les plus étendus de Nouvelle-Zélande, et surtout là où se trouvent paraît-il les pentes les plus raides et « freeride ». En revanche, alors que claqués après notre première journée, on clopine vers le sidecar, snowboards sous le bras, … surprise ! ! Les Kéas, ces si jolis perroquets alpins verts et rouges, ont déchiqueté le fauteuil du sidecar et machouillé les fils éléctriques, court-circuitant tout le faisceau éléctrique ! Ajouté à la route d’accès en terre si monumentalement raide qu’il nous a fallu monter quasiment en première… la prochaine fois on montera en stop !
On ne fait finalement pas tant de snowboard qu’on aurait pensé, mais profite en revanche de la vie douce à wanaka, journées presque toujours ensoleillées, barbecues de truites fraichement pêchées, balades au Mt Iron ou Mt Roy au milieu des moutons dans la brume, locaux toujours sympas et souriants, un peu hippies, artistes et écolos, ou soirées au cinéma-café « Paradiso » …. Laurent profite de la visite d’un copain des 7 Laux, Denis, pour aller explorer les faces un peu plus extrèmes de la station (de celles qui font cogiter en silence et mettent la pression) … avant de se coincer le dos pour la 2 ème fois du voyage et rester immobilisé pendant une semaine. Ah les joies du side !

Puis fin septembre, c’est la fin de nos contrats. Les agneaux tout neufs dans les champs, les brebis tondues de frais, les arbres qui reverdissent... ça sent le printemps ! Adieu à notre maison-bus, et direction Lac Hawéa, où nous allons ‘garder’ une maison (ça s’appelle du House-sitting) pendant 3 semaines pendant que ses propriétaires partent en vacances en Australie. Au programme après les petits déjeuners au soleil sur la terrasse, pas mal de mécanique, un roulement de direction à changer et les carbus à régler, mais aussi des balades en vélo ou en kayak, et pas mal de boulot sur sidetour....
Et fin octobre on est fin prêts à reprendre la route, pour aller explorer la Nouvelle-Zélande ! !

Hop, 12 heures d'avion et nous voilà à Auckland
Il pleut il pleut bergère...  Sur la côte ouest.La mer de TasmanieA Dunedin, on récupère le sidecar
Le premier week-end de juin, c'est le Rallye moto Monkey Brass, en plein coeur de l'Otago. Et ca caille..!Le lac Wanaka. Avec en fond, les Alpes NZ.
Avec nos potes de la french connection
Treble Cone est considerée par beaucoup comme une des meilleures stations de l'hémisphère sud
Et la vue y est vraiment incroyable !

 

América 2 NZ 2