10 Nov. On arrive cassés en deux à Vancouver, après 3 très petites nuits, entre le bus de nuit pour traverser le Japon, la nuit dans une salle d'attente de l'aéroport de Tokyo, et 3 heures à somnoler dans l'avion. Avec la ligne de changement de date, on est arrivés presque avant d'être partis... Malgré tout, on ne sent pas vraiment la fatigue, à cause de l'excitation d'arriver dans un nouveau pays, qui plus est le Canada! De Vancouver et de ses environs, on ne sait rien. Mais en arrivant, on a vu par les hublots un entrelacs de vert et de bleu, terre mêlée d'eau, des collines hyper boisées avec des méandres d'océan (on se rendra plus tard que c'est Vancouver Island). Puis des chaînes de hautes montagnes enneigées à perte de vue ! Wouhhh... ça sent l'hiver !!! Pendant tout le vol, on a écouté avec délice les hôtesses, qui parlaient... et oui, Québécois !!! Encore une chose qu'on avait oubliée, le Canada est un pays bilingue !! Et dès le premier jour, après avoir longé dans le froid un peu mordant mais réchauffé par le franc soleil de Vancouver les grandes rues larges du quartier un peu hippie de Kitsilano, au milieu des magasins new age, ou des équipes de baseball de l'université qui s'entraînent, en arrivant sur la plage de Jéricho beach on a droit à un lever de lune absolument hallucinant sur les gratte-ciels du centre ville, l'océan et les montagnes enneigées en toile de fond...


Le side-car n'arrive que dans 3 semaines, donc d'ici là on ne pourra pas camper. Après avoir recompté les sous qu'il nous reste, et en tenant compte du prix de la nuit en auberge de jeunesse... Sglurps ! il nous reste à peu près de quoi tenir 3 semaines !! La première urgence c'est donc de trouver du travail. Sans visas de travail, donc "under the table", comme ils disent. Plus facile à dire qu'à faire. On zone un peu, sans trop savoir par où commencer. On grapille des infos dans les auberges de jeunesse, mais c'est finalement un français installé à Vancouver qui nous refile le numéro d'un peintre qui chercherait du monde. Le lendemain matin, ça fait tout juste une semaine qu'on est au là et laurent commence a travailler comme peintre. Ouff, on souffle un peu.


Mais Whistler, la plus grosse station de ski du Canada, nous nargue à à peine 2 heures de là... On ne résiste pas, d'autant plus qu'avec son lot de travail saisonnier, on est sûrs de trouver du boulot tous les deux. Et effectivement, trouver du travail, ce n'est pas un problème, mais quant à trouver à se loger, c'est autre chose ! On se rabats sur Brackendale, à 45 minutes de là. Mais le plan, une jolie maison à partager avec 3 autres personnes, tourne au vinaigre : le soir du jour où on est sensés emménager, les 3 autres se défilent à l'extrême dernière minute, et nous nous retrouvons à 10 heures du soir dans le salon des propriétaires devenus hystériques, et qui hurlent "tout le monde dehors !!!". Alors qu'on n' a pas de quoi payer le premier loyer, encore moins une caution, et sans avoir encore de travail à Whistler, les Dräeger, qui sont arrivés ici d'Allemagne de l'est il y a 40 ans sans un sou, nous font confiance pour nous louer leur maison malgré tout, ils nous prêtent même des meubles, nous apportent du bois pour la cheminée ...
Quelques jours après, un épais manteau blanc recouvre le paysage et l'on ramène le side-car du port de Vancouver sous la neige. Alors qu'on s'était renseigné auprès de l'organisme responsable des immatriculations en expliquant en long et en large notre problème, et en se faisant confirmer au moins 3 fois que oui, pas de problème, on pourrait obtenir une plaque et une assurance touriste pour 6 mois, 4 semaines plus tard quand le side est enfin arrivé... L'immatriculation en question, plus question, qui vous avait dit ça ? Le bureau des douanes et celui des immatriculations se renvoient la balle, il faudrait importer la moto, mais on n'a pas le droit de le faire en tant que touriste. Et au final, le maximum qu'on peut avoir, c'est 20 jours de transit.... Oui, c'est à dire que nous avions prévu un tour du monde... On est bon pour faire du stop tout les jours pour aller à Whistler travailler comme housekeepers, c'est à dire faire du nettoyage dans des énormes chalets de luxe. Et notre premier Noël, on le passe juste tous les deux à partager des chocolats au coin du feu. C'est dans ces moments là que l'on sent combien la famille est loin.


Alors que notre travail de "nettoyeurs" avec Jackie Power (!) avait bien commencé, l'ambiance se dégrade : elle n'arrive pas à nous payer. Quand enfin on se décide à prendre le risque de changer d'employeur, elle nous doit encore un mois de salaire. Pendant les deux mois qui suivent, on aura cette épée de Damoclès sur la tête, est ce qu'elle va nous payer...? Entre temps, on commence à travailler pour Pierre, un français installé là depuis des années, avec qui on accroche bien. La vie recommence à prendre des couleurs.
Puis avec le mois de mars revient une certaine douceur de vivre : le soir, il fait encore jour quand nous rentrons en stop à Brackendale. Le temps de discuter et jardiner un moment avec les voisins, ou de prendre une bière en terrasse à Whistler en voyant les skieurs rentrer après leur journée. Jackie finit enfin par nous payer... Nos planches arrivent de France, et on profite de nos jours off pour aller faire du snowboard à Whistler. Tout de suite, ça change la vision de la station ... La détente commence à se faire sentir aussi au niveau du travail. Ca sent la fin de saison, et pour nous, ça sent surtout le camping, les feux de camp, le plaisir de rouler sur des routes inconnues, de regarder la carte en sachant qu'on peut aller au nord, au sud, il n'y a qu'à choisir...


Puis vient le jour de partir : on a beau avoir donné et renvoyé plein d'affaires, on se demande comment tout ça va tenir sur le side-car ! Et puis pendant cette hibernation de 4 mois, on a presque tout oublié : ces sacs, on les mettait où, et comment on les accroche ?

Lever de lune sur Vancouver
En arrivant dans Downtown Vancouver
Premières neiges sur Squamish
En stop le matin pour aller travailler...
Le village de Whistler au petit matin
Au boulot !
L'arrivée du primtemps sur les cîmes
Le glacier de Blackcomb
Japon Canada 2