En arrivant tout début Novembre dans
la région de Whistler, nous n'avons qu'une idée
en tête, tracer plein sud vers la chaleur de la Californie.
Mais quelques amis à revoir, et puis une tirelire
en petite forme, nous nous arrêtons travailler de
nouveau une dizaine de jours sur le chantier de construction
de maisons en rondins où nous avions déjà
travaillé en juin.
… Du coup, après les journées à
écorcer des cèdres nous y retrouvons aussi
la petite cabane que nous occupions au fonds du chantier.
Le feu qui crépite dans le poêle à bois,
la forêt et les montagnes tout autour, la rivière
qu'on entend en contrebas, la neige qui commence à
tomber, et un nouveau chalet qui va se construire bientôt…
il devient vite difficile d'ignorer cette petite voix qui
nous susurre 'vous n'allez quand même pas repartir
tout de suite .. ?
On oublie donc notre plan initial, travailler à San
Francisco. Tant qu'à travailler pour financer notre
passage en Nouvelle-Zélande au printemps, autant
le faire là, au grand air, à proximité
des montagnes et des amis qu’on s’est faits,
se dit-on. On se lance dans des améliorations de
la cabane, un évier, du mobilier taillé à
la tronçonneuse, un chemin jusqu'à la rivière,
…et une pile de bûches ! Et on se prépare
à passer l'hiver là, en s'amusant bien à
jouer les Robinsons.
Malheureusement, très vite le plan tombe à
l'eau. De grosses chutes de neiges précoces qui ralentissent
les chantiers, des contrats avortés, et le verdict
tombe, pas de travail pour nous ici cet hiver. Alors début
décembre on refait tous les sacs, et voilà,
on repart : Californie, nous voilà.. ! Pour réaliser
très vite qu'arriver à San Francisco pour
chercher du travail pile entre Noël et le Jour de l'An,
ça n'est peut être pas le plus judicieux. Alors
on rechange les plans, et on accepte l'invitation de nos
amis les Spitzer, à Squamish, qu'on avait connus
au printemps quand on a cassé le moteur, de rester
et passer les fêtes avec eux.
Malgré leur gentillesse, ce début décembre
est pour nous un gros coup de déprime : entre tous
ces changements de programme, les pannes mécaniques
et autres soucis financiers, on a l'impression de ramer,
de ne pas avancer dans ce voyage. Et puis de penser à
tout cet argent qu'il va falloir gagner pour changer d'hémisphère
et expédier la moto, pour arriver là bas encore
quasiment à sec… Heureusement, grâce
aux contacts de Peter, nous trouvons vite du boulot sur
Whistler, et oublions ces idées noires.
Noël et le Jour de l'An passent, et nous nous régalons
de saucisson, papillotes et foie gras que nous ont envoyés
la famille. Nous travaillons tous les jours, même
si les trajets sont laborieux, logeant à 60 km de
Whistler dont une partie en piste en terre. Mais les bons
repas d'Almuth le soir en compagnie de toute la famille,
ainsi que la chaleur du poêle font oublier la fatigue
et le froid.
Puis on nous propose un studio en plein Whistler pour le
mois de février, contre un petit peu de peinture,
assorti en plus de quelques forfaits gratuits. On hésite
environ …deux secondes ! Finalement, on va rester
un petit peu plus longtemps alors … On cumule les
jobs, déneiger des terrasses, laver des voitures,
faire du nettoyage, de la peinture ou du baby-sitting. Et
bien sûr, dès qu'on peut, on sort les planches,
et à nous la montagne ! !
Fin février, les poches à
nouveau remplies, on commence à loucher sur la carte
des USA… A rêver de printemps, de Californie,
et de highways interminables… Alors Adieu Whistler,
et cette fois ci pour de bon ! On repasse dire au revoir
à nos amis les Spitzer qui resteront notre souvenir
le plus fort du Canada, un petit check-up de la moto, qui
rouille à vitesse grand V par ici, … et c'est
reparti pour un tour ! !